Margaux Danse

Le Code de l'OMS

Le code de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) constitue un ensemble de règles éthiques visant à vous protéger des assauts marketing des industriels dans le secteur de  l’alimentation des bébés.

Pour information, les Préparations Commerciales pour Nourrisson (PCN) c’est le nom un peu barbare que donne les professionnels de la santé au lait en poudre industriel. On parle aussi de lait artificiel (ou LA) ou encore de Préparation Pour Nourrisson (PPN). 

A noter que l’expression « lait maternisé » est interdite depuis 1981.

Un peu d'histoire : contexte d'apparition du Code de l'OMS

Notre histoire1 commence il y a fort longtemps mais nous nous intéresserons ici seulement aux derniers événements de la chaîne : « L’abandon du mode de nutrition physiologique des nouveau-nés au profit de l’alimentation au biberon avec des substituts créés à partir du lait d’une autre espèce est l’aboutissement d’une chaîne d’évènements initiés il y a fort longtemps et dont les derniers chapitres se sont précipités dans le courant du 20e siècle. »2

Nous voici donc dans les orphelinats, les hospices et les maisons de nourrices du XIXème siècle. La mortalité maternelle est en baisse : “A la fin de l’Ancien Régime (…) 4 à 15% des mères risquent de mourir des suites de leur accouchement Ce chiffre tend à diminuer (…) surtout au XIXème siècle.3 En revanche, le fort taux d’abandon ou de placement en nourrices des bébés remplissent ces endroits de plus d’enfants qu’ils ne peuvent en contenir. 

Des religieuses et des nurses (ancêtres de nos infirmières puéricultrices et auxiliaires de puériculture actuelles) s’occupent à la chaîne des centaines d’enfants dont elles ont la charge. Les nourrices acceptent beaucoup d’enfants pour recevoir une rente décente. Dans tous ces endroits, le taux de mortalité est difficile à déterminer mais les sources que j’ai pu trouver le situent entre 20 et 50% pour les enfants de moins d’un an. (selon les lieux et les époques).4

A l'époque, en l'absence de la mère ou d'une nourrice qui allaite il n'existe aucun moyen sûr de nourrir un bébé.

On essaye de les nourrir comme on peut, avec du lait d’un autre mammifère (majoritairement des vaches) ou bien de l’eau (plus ou moins propre). Dans les conditions d’hygiène de l’époque, les maladies sont nombreuses et souvent mortelles. 

La fin de ce siècle est un tournant majeur car de nombreuses découvertes sont en route et vont révolutionner nos vies. On commence à parler d’hygiène, de stérilisation, de vaccination… C’est dans ce contexte social de séparation mère/enfant et face à l’enjeu de la mortalité infantile de l’époque, que vont se développer les substituts au lait maternel. C’est la révolution : « D’autre part, le biberon a succédé aux nourrices avec un succès considérable dans tous les milieux sociaux : les raisons de cet artifice sont complexes, de même que celles qui ont poussé précocement les familles françaises à limiter les naissances. »6 

La mortalité infantile baisse et, en parallèle, les conditions de vie s’améliorent. Les bébés peuvent être nourris sécuritairement par des personnes qui leur sont étrangères. 

En parallèle, la majorité des femmes s’investissent dans le travail industriel, de part le besoin de main d’œuvre avec l’arrivée de l’ère industrielle, puis avec les Guerres Mondiales. Le travail industriel finit par exclure la présence des tout petits. Un nouvel engrenage se met en route lentement mais sûrement. Dans ce processus d’éloignement de la dyade mère/bébé (un des nombreux qui ont existé depuis le néolithique à travers les lieux et les époques), on passe à côté de leurs besoins fondamentaux. On fini par voir le bébé comme un être passif, dépourvu de sensibilité et d’émotions, incapable de quoi que ce soit et surtout un démon assoiffé de lait qui hurle pour vous asservir (bon, d’accord j’exagère !). 

Ainsi, dans les orphelinats (où s’est créé la puériculture du XXIe siècle dans un contexte de séparation mère/enfant, mais c’est un autre sujet), on organise des rondes de trois heures pour nourrir, langer, emmailloter puis reposer dans leur berceau les touts petits (l’absence de soins relationnels entraînant dans les cas les grave de l’hospitalisme7).

le code de l'OMS -affiche OMS avenir enfant

Avec le capitalisme, se développe le marketing. Tout est organisé pour convertir la population aux bienfaits des PCN. On leur octroie le bénéfice d’être « presque » comme le lait maternel et d’en être un excellent substitut. Pour vendre son produit, l’industrie va très loin, trop loin même. Il mettent en avant des vertus, développent des gammes à en avoir le tournis dans un rayon d’hypermarché. Évidemment des scandales éclatent, comme celui des années 70 où Nestlé à été accusé de forcer l’arrêt de l’allaitement dans des pays où l’accès à l’eau potable et l’hygiène nécessaire pour l’utilisation des ses produits n’étaient pas présents.8

Même les études s’y mettent. On compare les mamans et leurs bébés nourris des deux façons et on en conclut que l’allaitement apporte des bénéfices comparés aux PCN. Nous avons pris le discours à l’envers. 

Je cite ici un extrait de la 9ème édition de « L’art de l’allaitement maternel » de La Leche League : « l’allaitement n’a pas de « bénéfices » ; c’est juste la façon biologiquement normale de nourrir un bébé. On y a pensé à l’envers. (…) La plupart des études ont traité les PCN comme étant la normalité et l’allaitement comme la chose inhabituelle. Cette approche rend l’état de santé des bébé nourris aux PCN comme étant la norme attendue, et les résultats de l’allaitement semblent être des points bonus. (…) Cela peut être une manière plus effrayante de voir l’alimentation des nourrissons – voir une liste de risques plutôt qu’une liste de bénéfices. Mais c’est une approche plus fiable et honnête. L’allaitement ne vous donne pas de points bonus, Tout autre chose ajoute des risques. »9

C'est dans ce climat de recherche de profit au détriment de la santé qu'est né le Code de l'Organisation Mondiale de la Santé

En pratique : il nous dit quoi ce Code ?

Créé en 1981, c’est un ensemble de recommandations qui visent à encadrer les pratiques commerciales liées à l’alimentation infantile. 

Article 1 du Code : « Le but du présent Code est de contribuer à procurer aux nourrissons une nutrition sûre et adéquate en protégeant et en encourageant l’allaitement au sein et en assurant une utilisation correcte des substituts du lait maternel, quand ceux-ci sont nécessaires, sur la base d’une information adéquate et au moyen d’une commercialisation et d’une distribution appropriées. »

Il est constitué de 10 dispositions clés :

NUL N’EST CENSE IGNORER LE CODE

affiche OMS milliards

Ce code international est là pour vous protéger. 

Car malheureusement son application n’est pas surveillée.

En France, vous ne verrez jamais de publicité pour un lait 1er âge. Mais ça n’est pas grave pour eux. Leur omniprésence sur tout les autres marchés fait pencher la balance de leur coté. Il n’y a qu’à se promener au sein des maternités, des PMI etc… Combien recense-t-on d’affiches ou de goodies avec leurs logos dans les salles d’attente ou sur les bureaux des professionnels de la santé. On ne compte plus les applications de suivi de l’allaitement créées par ces entreprises. Même lorsqu’ils vantent les mérites de l’allaitement maternel, leur but est de se donner une bonne image et d’imprimer dans vos esprits que leur marque est là pour vous. 

Ainsi en cas de problème, vous vous tournerez vers eux.

 Leur unique but est de vendre leurs produits.

Pour y voir plus clair dans l’immensité de leur offre, vous pouvez lire mon article sur les laits artificiels

Faites vos choix, assumez les et soyez heureux. Au fond, c'est ça qui compte !

Notes de bas de page  

 

1. Histoire rapide et succincte qui ne prend pas en compte l’intégralité des événements et des facteurs, ça serait bien trop long et vous vous seriez endormis avant la fin.

2. I. BAYOT article “Culture, puériculture, implication maternelle, allaitement”

3. E. Berthiaud dans “Naitre à la maison d’hier à aujourd’hui”, sous la direction de Marie France Morel p.63

4. Protection de l’enfance – Mortalité

5. Toutes les nourrices n’allaitent pas : C. Rollet, article « Allaitement, mise en nourrices et mortalité infantile en France à la fin du XIXème siècle« 

6.C. ROLLET article : « Histoire de l’allaitement en France« 

7. Hospitalisme Cairn.info

8. LE PROCES DE NESTLE A BERNE – La poudre de lait tue-t-elle les enfants du tiers-monde ?

9. The art of Breastfeeding, 9th edition, LLL, 2024, page 10. Traduit par mes bons soins, soyez indulgents.

 

Pour aller plus loin :

Faites vos choix, assumez les et soyez heureux. Au fond, c'est ça qui compte !

Notes de bas de page  

 

1. Histoire rapide et succincte qui ne prend pas en compte l’intégralité des événements et des facteurs, ça serait bien trop long et vous vous seriez endormis avant la fin.

2. I. BAYOT article “Culture, puériculture, implication maternelle, allaitement”

3. E. Berthiaud dans “Naitre à la maison d’hier à aujourd’hui”, sous la direction de Marie France Morel p.63

4. Protection de l’enfance – Mortalité

5. Toutes les nourrices n’allaitent pas : C. Rollet, article « Allaitement, mise en nourrices et mortalité infantile en France à la fin du XIXème siècle« 

6.C. ROLLET article : « Histoire de l’allaitement en France« 

7. Hospitalisme Cairn.info

8. LE PROCES DE NESTLE A BERNE – La poudre de lait tue-t-elle les enfants du tiers-monde ?

9. The art of Breastfeeding, 9th edition, LLL, 2024, page 10. Traduit par mes bons soins, soyez indulgents.

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